L’échappée – Épisode 11 : Le temps des Autres

Les épisodes 11 et 12 constituent un unique double-épisode final. Il n’y aura donc pas de choix possible à la fin de cet épisode (désolé !). Merci, encore, pour votre patience, vos commentaires, et vos messages d’encouragement. Le douzième épisode sera publié en début de semaine prochaine : rassurez-vous, je l’ai déjà écrit. Bonne lecture !

Récap’ des épisodes précédents :

En plein confinement, Zoé, archéologue spécialisée dans les crises historiques, est approchée par Sana, chercheuse en informatique quantique, pour trouver le Lien qui connecte toutes les crises de l’Histoire. Au moyen d’une machine quantique qui lui permet de remonter le temps, Zoé se lance dans une enquête temporelle où les upwelling, des résurgences violentes de souvenirs personnels, menacent à plusieurs reprises de la faire échouer. Pourchassée par le ministère de la défense à la solde d’une entreprise d’armement, elle plonge dans certaines des époques les plus sombres de notre Histoire : la Peste Noire, la chute de Rome, la disparition de Néandertal. Alors qu’elle découvre le rôle important de l’imagination – qui tend à se contracter au moment des crises, empêchant ainsi les Hommes de se projeter dans l’avenir – elle effectue un ultime plongeon, près de quarante mille ans avant notre ère…

Les épisodes précédents, c’est par ici :

– Épisode 1

– Épisode 2

– Épisode 3

– Épisode 4

 Épisode 5

– Épisode 6

– Épisode 7

– Épisode 8

– Épisode 9

– Épisode 10


Pour tout un courant de la philosophie, l’absurdité de la vie provient de la coexistence de deux mondes : celui de l’univers, des étoiles et des immensités spatiotemporelles ; et celui du quotidien, du métro, du crédit, des amitiés et des amours. L’absurde naît lorsque nous mettons nos tracas du quotidien en perspective avec les cataclysmes de l’univers, lorsque la mort apparaît comme seule conclusion à une aventure sans but.

Dans l’une de ses nouvelles, Isaac Azimov imagine une planète où la présence de trois Soleils font que la nuit n’existe pas. Il n’y a, dans ce monde imaginaire, qu’une longue et interminable journée. Dès lors, lorsque la nuit tombe par malheur – suivant un cycle multi-millénaire – les Hommes deviennent fous : car à la place des trois Soleils brillants et du ciel bleu, se trouve désormais une voûte céleste noire ponctuée de millions d’étoiles inconnues. Cette prise de conscience soudaine, violente, douloureuse, qu’une réalité se fait sans nous, partout, c’est le bourdonnement de l’absurde et la vacuité de l’existence qui se manifestent. C’est le combat sans issue d’un Rieux face à la peste d’Oran, la nausée latente d’un Roquentin à l’inspiration défaillante. En somme, l’absurde habille nos jours d’un voile transparent qui ne gagne en consistance que lorsque le décalage se produit.

Et dans cette caverne à l’atmosphère étouffante, au crépuscule d’une journée préhistorique, assise tout près d’un homme de Néandertal, l’absurde aurait pu surgir et déstabiliser Zoé. Dans d’autres circonstances, l’esprit frais et reposé, ce concentré d’aventures quelque peu grotesques lui aurait semblé absurde ; et comme les personnages de la nouvelle d’Azimov, elle aurait perdu la raison. Mais le rythme effréné de ses plongeons, le manque de sommeil, sans compter la rencontre fantastique avec une fée légendaire et un chevalier déchu, firent que la jeune femme resta lucide et conserva son calme.

Elle s’assit doucement en tailleur près du vieillard. Il portait un vêtement en fourrure qui sentait la sauge brûlée. Le silence s’installa dans la grotte car Zoé récupérait difficilement du plongeon. La douleur avait été telle qu’elle s’était évanouie. Peut-être aurait-elle dû prendre un peu de repos ; une demi-heure aurait sûrement suffi à éclaircir ses pensées. Un courant d’air froid agita les flammes et fit frissonner l’archéologue. Mémoire dût le sentir car il s’excusa :

− Nos terres ont refroidi il y a plusieurs générations. Nous ne savons pas pourquoi.

− C’est un mélange de cycles climatiques et de méga-éruptions volcaniques, répondit Zoé.

Le vieil homme souffla fort avec ses narines, jusqu’à les faire légèrement vibrer. La jeune femme ne sut comment interpréter ce signe.

− Tu viens d’un autre monde, déclara-t-il simplement.

− D’une certaine manière, oui.

Il expira à nouveau très fort des narines, ce qui produit un léger son grave. Était-ce le moyen des néandertaliens pour acquiescer ? Était-ce l’équivalent d’un hochement de tête ? Elle sortit prestement son carnet et nota « expiration narines ? ». Le vieil homme, qui avait perdu la vue, tendit l’oreille. Peut-être avait-il entendu le stylo gratter le papier ? A moins que le silence abrupt, qui avait ponctué la fin de phrase de Zoé, n’eut trahi son activité. Cette soudaine et subtile perte d’attention, que nous peinerions à percevoir de nos jours tant nous y sommes habitués ; ce moment où l’esprit se détourne de l’autre pour se plonger dans l’écriture, la lecture, la peinture, sur un smartphone, une feuille de papier, ou un livre : ce sont des maux modernes que l’Homme de Néandertal connaissait peu. Lorsque les êtres humains de ces temps immémoriaux parlaient, ils parlaient. Lorsqu’ils peignaient leurs grottes, ils peignaient. Lorsqu’ils chassaient des bêtes, ils chassaient. Il existait peu d’entre deux. Cette capacité à suivre distraitement une conversation ne pouvait donc qu’intriguer Mémoire.

− Tu es différente de nous. Je ne peux voir ton visage, mais je me le représente très bien. Tu es différente de tout ce que j’ai pu connaitre.

− Je n’en doute pas.

L’homme fit vibrer ses narines, et cette fois il n’y eut plus de doute : c’était une façon de répondre à l’affirmative. Dans un autre contexte, ce geste aurait paru comique. Il semblait que le son provenait de l’intégralité de la cavité nasale. Ce trait singulier trouvait probablement son origine dans la physionomie marquée du nez néandertalien.

− Je n’ai pas beaucoup de temps, expliqua Zoé. Je suis venu pour trouver des réponses.

− Je n’en doute pas, répondit le vieil homme en esquissant un sourire.

Il posa la main contre la paroi de la caverne.

− J’imagine que les couleurs ont disparu. J’ai peint ces murs il y a des dizaines de printemps. Certaines de tes questions auraient sûrement trouvé leurs réponses ici, notamment celles qui concernent les Autres.

− Les Autres ?, s’enquit Zoé en frissonnant. Qui sont-ils ?

− Nos tribus vivaient autrefois en harmonie. Nous migrions lorsque nos chasses devenaient trop maigres pour laisser de la place aux tribus nouvelles. Parfois, c’étaient-elles qui migraient, en bonne intelligence. Les jeunes hommes et les jeunes femmes, arrivés à l’âge de procréer, partaient s’installer ailleurs, et nous faisions ainsi partie d’une immense famille. La communauté des Hommes et des tribus courait aussi loin que le regard portait : il était impossible de marcher quatre Soleil sans en rencontrer. C’est ce que nos Pères et nos Mères nous racontaient. Ils nous disaient qu’il y avait tellement d’Hommes que des cultures différentes avaient émergé.

Il cessa un instant de parler. Zoé attendit patiemment qu’il reprenne son récit.

− Et puis, la Terre a craché du feu, et les Hommes ont fui. Le Soleil aussi. Et le froid mordant, apporté par le Père des tous les vents, s’est durablement installé parmi nous. Avec le froid, la nourriture s’est faite plus rare, et les tribus ont dû s’éloigner les unes des autres. Nous nous sommes retrouvés espacés, isolés. Les liens forts qui nous unissaient se sont distendus. Les mariages se sont raréfiés, et les enfants avec. Désormais, il n’est pas rare de marcher trois lunes sans rencontrer d’autre tribus ; parfois, nous en perdons même totalement la trace. Peut-être migrent-elles trop loin. Si une tribu s’éloigne trop dans les confins inexplorés, et qu’une autre tribu ne repère pas son nouvel emplacement, elle disparaît de la communauté des Hommes.

Zoé notait à toute vitesse. Cette explication confirmait beaucoup de théories archéologiques sur la disparition de l’Homme de Néandertal : perte de ressources, refroidissement climatique, éloignement des populations. L’écho du tonnerre parvint jusqu’à eux.

− C’est dans ces temps où nous étions déjà affaiblis que sont apparus les Autres. Les Autres… comment les décrire ? Ce sont des Hommes différents.

− Physiquement ?

− Pas uniquement. Leurs visages sont plus petits, leurs crânes plus ronds, mais la différence est plus profonde. Les Autres ne vivent pas au même temps que nous.

−  Comment ça ?

− Ils vivent plus vite, parlent plus vite, respirent plus vite. Ils ont plus d’enfants que nous. Ils mangent beaucoup plus de choses que nous. Ils maîtrisent le feu, comme nous. A l’époque où ils sont venus, nous nous sommes tout d’abord méfiés – passé l’émerveillement, bien sûr. Nous avions face à nous d’autres Humains.

− Homo Sapiens ?, murmura Zoé fascinée.

− Oui, ce sont les tiens.

Dehors, l’orage grondait.

− Les Autres ne sont pas un problème en soi. Nous avons même de bonnes relations avec certaines de leurs tribus. Mais comme ils vivent plus vite, ils mangent davantage. Leurs besoins en ressources sont importants. Les dernières tribus des nôtres, qui vivaient près de nous, sont toutes parties à la recherche de chasses abondantes ; et ne sont jamais revenus. Certains Hommes ont été accueillis chez les Autres et vivent désormais comme eux. Il n’y a rien de grave à cela, c’est la vie. Notre tribu était la dernière, en ces terres, à vivre paisiblement.

− Que s’est-il passé ?

− La grande différence entre eux, et nous, c’est la peur. Les Autres ont peur. Leur façon de vivre, effrénée, fait qu’ils réagissent comme des lièvres. Si certaines de leurs tribus ont accumulé assez de sagesse pour contrôler leur peur, d’autres se méfient de tout ce qui peut représenter un danger pour eux, aussi minime soit-il.

Mémoire pris une longue inspiration. Ses bronches sifflèrent.

− Maintenant que nous sommes les derniers Hommes de ces terres, nous représentons une relique du passé, une altérité effrayante. Nous étions la norme, nous sommes désormais l’exception. Notre mode de vie a fait naître des superstitions étranges chez les Autres : des histoires, des contes, des légendes. Il y a quelques temps, plusieurs tribus plus apeurées que les autres ont tout simplement décidé de venir à bout de notre existence. Nous n’avions jamais eu à tuer des humains auparavant.

Il toussota. Le tonnerre ne semblait plus finir. En tendant l’oreille, Zoé se rendit compte que ce qu’elle croyait être de l’orage était en réalité une clameur lointaine ponctuée du roulement de tambours de guerre. Cette réalisation la glaça. Mémoire dût sentir qu’elle se raidissait car il la rassura :

− Ne t’inquiète pas, nous étions voués à nous éteindre tôt ou tard. Nos enfants se font rares et les tribus voisines sont parties. Cette violence, bien que soudaine, ne fait que précipiter un peu les choses.

Il sortit un petit sac de peau dans lequel il enfouit sa main. Il en ressortit des brindilles qu’il jeta dans les flammes pour raviver le feu.

− J’aimerais revoir les couleurs, un jour.

Il se tut à nouveau.

− Donc si j’ai bien compris, dit Zoé en relisant ses notes, vous auriez disparu à cause de changements climatiques violents, de l’éparpillement de la population, de la concurrence pour les ressources avec Homo Sapiens… et de la guerre.

− La « guerre » ?, répéta Mémoire.

Il avait fait rouler le mot sur sa langue.

− Les Autres et les Hommes qui s’entretuent, expliqua Zoé.

− Non, répondit-il, ce n’est pas tout à fait ça.

Elle fronça les sourcils. A cet instant, des pas pressés se firent entendre depuis l’entrée de la grotte. Un solide gaillard au large cou apparut. Au milieu de son visage bariolé d’ocre se tenaient deux yeux d’un noir absolu. Il serrait dans l’une de ses mains ce qui s’apparentait à une sagaie. Il s’accroupit près du feu.

− Père, pressa-t-il, allons-y.

Il ne pouvait pas voir Zoé, la jeune femme en était certaine. Il ne lui avait adressé aucun regard. Mémoire sourit doucement de ses dents jaunies.

− Je ne pars pas, Hän.

− C’est de la folie !, s’écria son fils.

− Je suis vieux et malade. Je vous ralentirai. Pars avec celle qui t’a choisi. Cachez-vous dans la forêt, ils ne vous pourchasseront pas. Je sais que certaines tribus des Autres se sont installées dans les clairières ; celles-là sont pacifiques. Peut-être vous aideront-elles. Ne revenez pas avant une Lune, au moins.

− Père…

Mémoire claqua sèchement de la langue. Il avait parlé. Hän baissa la tête, très profondément attristé, puis fit vibrer ses narines. Il acceptait la décision de son père. Il s’approcha de lui, colla son front au sien, et ils restèrent ainsi un instant en silence. Puis, il s’en détacha, se redressa et s’éloigna. Mémoire soupira et s’adressa à Zoé :

− Tu devrais le suivre, il a beaucoup de chose à t’apprendre.

Hän avait déjà disparu.

− Si tu attends trop, tu vas le perdre de vue.

Zoé se leva, indécise, fit un pas en direction de la sortie, puis se retourna et demanda subitement :

−  Comment imaginez-vous la suite ?

Mémoire fronça les sourcils.

− Je ne sais pas ce que je peux te répondre. Je serai probablement mort lorsque le prochain soleil sera levé. Je n’imagine rien.

− Et pour votre fils ?, insista-t-elle. Comment sera sa vie dans plusieurs… Lunes ?

− Je n’en sais rien, grogna Mémoire. Le plus important, pour l’instant, c’est qu’il fuit la mort.

− La contraction de l’imaginaire, marmonna Zoé. Le déséquilibre en faveur de la stase.

L’homme de Néandertal resta silencieux. A nouveau, alors qu’elle s’apprêtait à partir, Zoé se retourna :

− Si ce n’est pas la guerre, si ce n’est pas le climat… Qu’est-ce qui a provoqué votre chute ?

Mémoire eut un sourire triste et répondit laconiquement :

− Une simple étincelle, et des brindilles sèches peuvent prendre feu. Cette même étincelle contre un tronc d’arbre n’a aucun effet. Pourtant, les brindilles qui s’enflamment viennent bien de l’arbre, non ? Pourquoi l’arbre ne prend pas feu ?

Zoé écarta les bras en signe d’incompréhension.

− Qu’est-ce que je vais en faire de cette information, moi ? Qu’est-ce que vous voulez dire ?

− Qu’est-ce qu’une feuille sans son arbre, Zoé ?

La jeune femme haussa les épaules sans répondre. Face à son mutisme, Mémoire répondit :

− Une feuille morte. Maintenant, pars, rattrape mon fils.

Il croisa les bras et baissa la tête vers le feu, comme s’il voulait plonger son regard dans les flammes. Zoé resta un instant interdite, hésita à poser une autre question, puis se ravisa et partit en courant vers la sortie. Le sol inégal de la grotte rendit sa course difficile. La galerie la conduisit jusqu’à un abri sous roche de grande taille où des objets de toutes sortes étaient répartis au sol. Le foyer y avait perdu de sa vigueur et éclairait difficilement les lieux. Une odeur d’incendie s’était installée dans la grotte, portée par le vent. Les lieux étaient déserts.

Zoé s’élança vers la sortie, mais le petit garçon de la cour de récréation refusait qu’elle joue au foot avec les autres. Elle lui arracha le ballon des mains d’un geste brusque, et…

« Stop ! », se dit-elle intérieurement, « c’est un upwelling, une résurgence de souvenirs. Respire calmement ».

Elle secoua la tête et fit un pas de plus, mais le sol se désagrégeait. La sortie s’était-elle éloignée ? Ou était-ce l’air alourdi qui pesait de tout son poids sur les épaules de la jeune femme ? Un pas de plus, et cette fois la sortie s’approcha. Une sortie où la roche en dentelle découpait finement un ciel orangé. La grotte devait se situer à flanc de colline, mais Zoé ne pouvait encore apercevoir le paysage préhistorique qui s’étendait à ses pieds, car le sol remontait en pente douce jusqu’à la sortie. Elle n’entrevoyait qu’un bout de ciel aux nuages violets.

Un nouveau pas, et cette fois, la voilà diplômée. Diplômée d’archéologie et d’analyse des systèmes complexes. On l’applaudissait, elle souriait. Aller, encore une thèse et…

Elle rampait, désormais, épuisée. Elle aurait dû se reposer avant de replonger, c’était certain. Elle pestait contre son impatience. Les battements de son cœur semblaient cogner à ses tympans, elle suffoquait. Les souvenirs se succédaient sans…

Balles ! Cent balles pour un train ! Décidément la SNCF…

Elle touchait au but. Sa main se posa sur le rebord en pierre, au sol, qui donnait sur l’extérieur. Elle se hissa péniblement, à plat ventre. Qui aurait-cru qu’il serait si difficile de…

De trouver un pot de sauce tomate ? Les rayons étaient vides, emportés par la peur de manquer ! Le magasin puait le gel hydroalcoolique, celui qui sentait la mauvaise vodka.

La plaine glacée s’étendait jusqu’à la lisière d’une forêt polaire. Au pied de la colline sur laquelle se trouvait la grotte, des centaines d’hommes se battaient, utilisant pics en bois et sagaies. A cette distance, il était impossible de distinguer les Sapiens des Néandertaliens. Il n’y avait que des bipèdes enragés qui essayaient d’empaler l’ennemi. Sur sa droite, la forêt brûlait. Et, tandis que les premières étoiles s’allumaient, Zoé perdit connaissance.  

Et sous la voûte étoilée d’un été finissant, Zoé s’endormit.

Et dans sa chambre d’enfant, encore bercée par les aventures de Lyra et Pantalaimon, Zoé s’endormit.

Et dans son appartement parisien, devant un énième épisode de Friends, Zoé s’endormit.

Et dans les bras de quelqu’un,

Dans un pays étranger,

Dans son landau de nourrisson,

Dans un hamac balancé,

Dans une vieille tente usée,

Zoé s’endormit.

Suite et fin de la série dans l’épisode 12

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